La bataille du col de Barad (1ère partie)
https://www.youtube.com/watch?v=IDZXHEVHgBo Au souvenir de l'horreur qui avait déferlé sur le Val de Nentir lors du passage de la Lance Sanglante, tous avaient fuis. Seul quelques-uns à Winterhaven avaient trouvé assez de courage pour rester et défendre leurs terres. Les autres avaient pris la route vers les Principautés du Sud.
« Une poignée de braves affrontant les hordes du Soleil Noir au Col de Barad» … une belle phrase pour commencer un récit épique. Dans la réalité, notre situation me semblait très mauvaise pourtant. Les renforts n'arriveraient que dans deux jours. D'ici-là, nous étions seuls. Seize contre toute une armée; de la pure folie et la promesse d'une mort certaine. Pourtant, il faudrait bien tenir, nous n’avions pas le choix. Si les envahisseurs n'étaient pas stoppés ici et maintenant, plus rien ne pourrait les arrêter, et de la Légion Ardente libérerait le Roi Ardent pour accomplir sa funeste prophétie.
Les échos d'une trompe résonnèrent dans le défilé et le sol commença à trembler. Ils arrivaient. Je sentais mon cœur battre douloureusement dans ma poitrine alors qu'ils se rapprochaient. Autour de moi, j'entendais les hommes murmurer des prières en préparant leurs armes.
Un monstrueux flot vert et furieux envahissait le défilé. En raffermissant la prise sur la poignée de mon sabre, je me surpris aussi à adresser une supplique aux dieux. Seize contre des milliers... Comment espérer survivre à cela sans une intervention divine?
Alors que l'avant-garde orc se précipite sur nous en hurlant, le doute me saisit. Et si nous avions eu tort de rester? Peut-être aurions-nous du accompagner les autres vers le sud? Non!!! Si nous avions fui, il ne se serait trouvé personne à temps pour prendre notre place!
Quoi que nous fassions, nous ne pourrons qu'infliger quelques coups d'épingles à un géant. Mais il faut tenir! Au moins les retarder assez longtemps pour que les habitants du Val puissent fuir. Moi je suis seule, mais les autres ont sans doute des familles qu’ils espèrent mettre en sécurité par leur sacrifice.
Trop tard pour changer d'avis, ils ne sont plus qu'à quelques pas à présent. Raffermis-toi mon cœur! Seul compte le présent maintenant. Les premières flèches volent dans les airs et s’abattent sur les rangs ennemis en sifflant. La seconde bataille du Col de Barad commence. Oui, nous allons probablement tous mourir, mais pas seuls. Nous en entraînerons autant que nous le pourrons avec nous dans la tombe. Le Val de Nentir est notre territoire! Ils ne l'auront pas sans qu'un flot de sang ne soit déversé en échange!
L'affrontement est sanglant et bientôt, les cadavres s'empilent devant nous. Mais pour chaque orc tué, trois autres surgissent, piétinant les morts et les blessés. Cette interminable marée n'aura-t-elle donc pas de fin? Le sang coule à flots, emplissant l’air de son odeur métallique, rougissant les murs du défilé, dégoulinant des armes et poissant les armures des combattants qui frappent, encore et encore.
Enfin, le flot d'ennemis se tarit et les derniers orcs survivants fuient. Nous sommes vivants! Nos lignes ont tenu et pas un seul d'entre nous n'est tombé! Les vivats s'élèvent alors que je prends conscience du massacre que nous avons fait. Les quelques mètres devant nous où nous avons combattu ne sont plus qu'un épouvantable charnier. Des centaines d'ennemis morts gisent à nos pieds, piétinés par les suivants, mort à leur tour. Il ne reste d'eux qu'une bouillie sanglante d'où s’écoule des ruisseaux de sang.