Quarion est un officier de la garde du palais à la Cour d’Hiver. Bien qu’eladrin lui aussi, il sait qu’il a des origines très modestes comparé à d’autres noms de la cour et il s’applique à rester à sa place ; hélas pour lui. Hélas car l’amour qu’il voue à Dame Anastrianna, qui le lui rend également, est impossible de par leurs naissances. Leur quotidien est donc fait de rencontres secrètes et furtives dans les bosquets des jardins ou les antichambres désertes et d’indifférence feinte en public.
Outre sa beauté remarquable, même pour une eladrin, et son haut lignage, Dame Anastrianna est la voix d’une très faible minorité d’eladrin progressistes qui souhaiterait une politique plus ouverte vers leurs cousins elfes et qui estiment qu’il est nécessaire d’intervenir sur le Plan Matériel depuis le cataclysme puisque tout et n’importe quoi pourrait y entrer à présent et peut-être à la longue infiltrer la Féérie. Ses opposants la voient comme une menace pour la pureté de la culture eladrin à faire taire absolument avant qu’elle ne répande ses idées insidieuses.
Le Seigneur Soveliss, chef des plus ardents conservateurs, apprend par des voies détournées qu’Anastrianna et sa poignée de partisans commence à être écoutés par certains qui s’ils ne les appuieront pas, ne feront rien pour s’opposer aux progressistes dans leurs changement de politique étrangère. Avec l’aide de son cousin, Paelias et de la propre sœur d’Anastrianna, Jelenneth, Soveliss monte de toute pièce un complot dont les preuves accusent Anastrianna et ses partisans.
Ironie du sort, c’est Quarion qui est chargé d’arrêter Anastrianna et de l’enfermer dans ses appartements. Quarion propose d’arranger sa fuite jusqu’à un passage vers le Plan Matériel où elle serait hors de portée des comploteurs, mais Anastrianna refuse la fuite, convaincue qu’elle pourra confondre les conjurée et voyant dans sa situation une occasion de plaider sa cause auprès de roi à présent qu’elle commence à être écoutée à la Cour d’Hivers.
Craignant pour la vie de son aimée, Quarion décide de monter personnellement la garde devant la porte des appartements d’Anastrianna la nuit précédant son jugement. Mais hélas pour lui, l’assassin envoyé par Soveliss n’a nul besoin de porte pour entrer. Il empoisonne Anastrianna dans son sommeil et Quarion n’entend que les premiers râles d’agonie d’Anastrianna. Arrivant bien trop tard pour tenter quoi que ce soit, Quarion a juste le temps de voir quelque chose s’envoler par l’ balcon resté ouvert. En se précipitant au chevet de la mourante, Quarion réalise que la rumeur sur un pixie assassin au service de Soveliss est bien fondée. Il n’a que le temps de recueillir les dernières paroles d’Astrianna avant qu’elle ne meure : « Plus personne ne nous écoutera à présent, et quand ils se décideront enfin à agir, il sera trop tard, la féérie… Il faut… » et une dernière larme qui se cristallise sur sa joue.
Le « suicide » d’Anastrianna prouvant sa culpabilité, les progressistes sont tous exécutés ou exilés ; mais Quarion n’en a cure, son grand amour vient de mourir. Souhaitant s’éloigner de l’atmosphère de complot qui remplit le palais, Quarion quitte la Cour d’Hiver et se met à errer dans la Féérie en compagnie de ses souvenirs. Ses pas finissent par le conduire jusqu’au pied d’une immense chaîne montagneuse.
Au fil de son périple, Quarion avait décidé, en mémoire d’Anastrianna, de mener une partie projet à bien. Car s’il ne pouvait pas faire changer la politique du roi, il pouvait toujours intervenir auprès des humains pour les inciter à se préparer aux incursions des créatures et des entités qui tenteraient de s’approprier le Plan Matériel. Mais comment réaliser seul un tel projet avec ses moyens limités ? Quatre vies n’auraient pas suffi.
Quarion gravit la plus haute montagne et, enfin parvenu au sommet de son glacier, au sommet du monde lui semblait-il, il en appela aux Seigneurs Féériques. Et il fut entendu. Quel est la nature exacte du pacte que Quarion conclut avec le Seigneur hivernal ? Nul ne le sait, pas même lui peut-être. Mais quand il redescendit vers la vallée, il avait changé. Il était devenu un hexblade et portait une épée dont la lame était de glace pure et dont le pommeau enchâssait un minuscule cristal en forme de larme.
Fort de sa nouvelle puissance, Quarion se mit à la recherche d’un passage vers le Plan Matériel. Mais quand il arriva, il se rendit compte que ce n’était pas quatre vies qu’il lui faudrait, mais dix tant les peuples de ce monde étaient désordonnés. La tâche était si immense qu’il ne savait par où commencer ! La réponse lui fut apportée par un humain portant une armure entièrement noire. Il lui parla de son roi, Agramond Belthaine qui avait su reprendre les choses en main dans l’est depuis le cataclysme. Cet homme avait réunifié le continent est et y avait rapporté l’ordre. Et lui, d’Isus Lusen, appartenait à l’ordre que le Roi Noir avait baptisé Chevaliers d’Ebène, ne reprenant que les meilleurs et les plus honorables combattants.
Favorablement impressionné par le discourt de l’humain et la conviction de l’homme dans la mission de son suzerain, Quarion décida de se joindre ce roi qui avait déjà réussi à unifier tout un continent. Une fois les royaumes unifiés sous une même bannière, ils auraient peut-être une chance contre ce qui viendrait tôt ou tard dans leur plan.
Le temps passa et Quarion fit preuve d’un dévouement total à l’ordre et une bravoure peu commune dans les combats. Les ennemis avaient vite appris à craindre ce féérique qui semblait porter l’hiver le plus meurtrier autour de lui et dont le pommeau de l’épée brillait parfois quand il poussait un cri de guerre en elfique.
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